Si le béton armé est le matériau de construction le plus employé au monde, il présente un point faible majeur: la corrosion de ses armatures par des chlorures agressifs, comme ceux présents dans l’eau de mer et le sel de déverglaçage, ainsi que par le CO2 de l’atmosphère.
«La corrosion est un processus lent et difficilement décelable dans la plupart des cas, car il se produit à l’intérieur du béton, explique Yurena Seguí Femenias. Et lorsque le diagnostic tombe, il est souvent trop tard.» Ce sont d’ailleurs probablement des dommages non découverts dus à la corrosion qui ont contribué à l’effondrement du pont autoroutier à Gênes à l’été 2018.
En Suisse, de nombreux ouvrages en béton ont été érigés dans les années 1970 et arrivent à un âge critique. Les contrôles portant sur la corrosion du béton sont très onéreux, ainsi que l’explique l’ingénieure en génie civil. En Suisse, les travaux de maintenance réalisés sur les bâtiments obéissent généralement à une logique conservatoire. «C’est à la fois coûteux et mauvais pour l’environnement, car la production de béton génère quantité d’émissions. En outre, les chantiers restreignent la disponibilité de l’infrastructure pour l’utilisateur.»
Soutenue par l’offre d’encouragement BRIDGE «Proof of Concept», Yurena Seguí Femenias travaille à l’élaboration d’un système de capteurs. Intégrés au béton, ces derniers doivent permettre de surveiller la concentration en chlorure et la valeur du pH au moyen d’un algorithme – une hausse de la concentration en CO2 entraînant une baisse du pH. Il sera ainsi possible de prévoir quand se produira la dégradation de l’armature. De même, en cas de risque de corrosion grandissant, des mesures pourront être prises en temps utile – ni trop tard, ni trop tôt non plus.
Dernière modification 14.02.2022